11

 

 

 

Les bras du Jinga se rejoignirent et le marais devint jungle. Frondes et lianes se balançaient au-dessus des eaux noires. Des papillons géants passaient comme des fantômes. À son niveau supérieur, la forêt était un univers à part – rubans roses et jaune pâle se tortillant dans les airs comme des anguilles, globes noirs et duveteux dotés de six longs bras blancs qui bondissaient prestement de branche en branche… Une fois, très loin, Reith aperçut de grandes huttes de joncs entrelacés, nichées dans les ramures et, un peu plus tard, l’embarcation passa sous une passerelle volante constituée de branchages et de cordages rudimentaires. Trois hommes nus apparurent au moment où l’esquif en approchait – graciles, fluets, la peau parcheminée. Éberlués à la vue du bateau, ils franchirent la passerelle au pas de course et se perdirent dans la forêt.

Pendant une semaine, les voyageurs continuèrent leur route sans encombre. Le Jinga ne cessait de s’élargir. Un jour, ils croisèrent un canot à bord duquel un vieillard péchait au filet. Le lendemain, ils virent un village et, le surlendemain, un navire à moteur les dépassa en vrombissant. La nuit suivante, ils s’arrêtèrent dans une bourgade et passèrent la nuit dans une auberge sur pilotis.

Ils voguèrent encore deux jours, poussés par une bonne brise. Le fleuve était profond et large ; le vent y creusait des vagues de bonne taille et la navigation commençait à être malaisée. Quand ils abordèrent le prochain village, ils avisèrent un bateau prêt à prendre le départ ; abandonnant leur barque, ils montèrent à son bord pour se rendre à Kabasas sur le Parapan.

Trois jours durant, ils jouirent du confort des hamacs et d’une nourriture fraîche. Le quatrième jour, à midi, alors que, à bâbord comme à tribord, les berges du fleuve étaient invisibles, ils distinguèrent à l’ouest les dômes bleus de Kabasas.

Kabasas, comme Coad, était un centre commercial desservant l’intérieur. Comme Coad également, c’était, semblait-il, un nid d’intrigues. Les quais étaient bordés de magasins et d’entrepôts ; derrière, une succession de bâtiments à arcades et à colonnades, aux façades de plâtre beiges, grises, blanches ou bleu foncé, escaladaient les hauteurs. Pour quelque raison qu’Adam Reith ne parvint jamais à élucider, chacun de ces édifices avait un mur déclive, extérieurement ou intérieurement, ce qui conférait à la cité un aspect curieusement irrégulier qui était d’ailleurs en harmonie avec le comportement de sa population. Les habitants de Kabasas étaient des gens vifs et minces, à la longue chevelure châtain, aux pommettes larges, aux yeux noirs et étincelants. Les femmes étaient d’une beauté remarquable et Zarfo mit ses compagnons en garde :

— Si vous attachez quelque valeur à l’existence, ne prêtez aucune attention aux femmes. Ne les regardez pas, même si elles cherchent à vous provoquer ou à vous aguicher. Elles mènent un jeu bizarre, à Kabasas. Si quelqu’un a le malheur de manifester une ombre d’admiration à leur égard, elles se mettent à pousser des cris furieux et, aussitôt, une centaine d’autres femmes se précipitent, glapissant et hurlant des injures, pour étriper le misérable !

— Diable ! murmura Reith. Et les hommes ?

— S’ils le peuvent, ils viennent à la rescousse et cognent dans le tas à la plus grande satisfaction de tout le monde. C’est là, en vérité, leur façon de se faire la cour. Un homme qui s’éprend d’une fille commence par l’étriller, et il ne vient à l’idée de personne de les séparer. Si elle est d’accord, elle vient retrouver le garçon pour en redemander et, lorsqu’il se prépare à la rosser de nouveau, elle s’abandonne à lui. Telles sont les tristes règles de la galanterie en honneur chez les Kabs.

— Je trouve cela assez déplaisant, fit Reith.

— Oui. Et pervers, en plus. Mais c’est comme ça que les choses se passent à Kabasas. Pendant notre séjour, je vous conseille de vous en remettre à moi et, pour commencer, je choisis l’auberge du Dragon de Mer comme base d’opérations.

— Mais nous n’allons pas nous éterniser ici ! Pourquoi ne pas aller directement au port nous mettre en quête d’un navire qui nous fera franchir le détroit de Parapan ?

Zarfo tirailla sur son long nez noir.

— Les choses ne sont jamais aussi simples. À quoi bon nous priver du confort de l’auberge du Dragon de Mer ? On pourrait y rester une ou deux semaines ?

— Tu as, évidemment, l’intention de payer ta part ?

Les sourcils de Zarfo prirent une forme circonflexe.

— Vous savez bien que je suis un homme pauvre. Chacun des sequins que j’ai gagnés représente bien de la peine. Il me semble que, dans une expédition commune comme la nôtre, tout doit être basé sur la générosité.

— Nous passerons la nuit à l’auberge du Dragon de Mer et nous appareillerons demain, transigea Reith.

Le Lokhar émit un grognement de désapprobation.

— Ma « place » m’interdit de contrarier vos désirs. Hummph ! Si je comprends bien, vous comptez vous rendre à Smargash, recruter sur place une équipe de techniciens et rallier ensuite Ao Hidis ?

— En effet.

— Eh bien, il va falloir agir avec prudence ! Je propose que nous gagnions Zara par mer – c’est de l’autre côté du Parapan – et que nous remontions ensuite le fleuve Ish. Vous n’avez pas perdu votre argent ?

— N’aie crainte.

— Prenez-en bien soin. Les voleurs de Kabasas sont adroits ; ils se servent de pincettes de neuf mètres de long. Vous voyez l’édifice qui domine la plage ? C’est l’auberge du Dragon de Mer !

 

L’auberge du Dragon de Mer était en vérité un établissement de prestige. Les salons y étaient vastes et les chambres confortables. La décoration du restaurant évoquait un jardin sous-marin ; il y avait même des grottes obscures où l’on servait les adeptes d’une secte locale qui se refusaient à se montrer en public pendant l’acte de déglutition.

Reith se fit apporter du linge frais (l’auberge comportait une chemiserie) et prit un bain sur la terrasse. Quand il se fut récuré, on l’aspergea de liquide tonifiant et on le massa avec des poignées de mousse odorante. Après ces ablutions, il revêtit une robe de lin blanc et remonta dans sa chambre.

Un homme vêtu d’un costume bleu en piteux état était assis sur le lit. Reith écarquilla les yeux. C’était Helsse. L’aide de camp du Seigneur Cizante lui rendit son regard. Son expression était indéchiffrable. Il ne fit pas un mouvement, ne prononça pas un mot.

Le silence était intense.

Lentement, Reith recula jusqu’au balcon et s’arrêta, hésitant. Son cœur battait comme s’il avait vu un fantôme. Zarfo apparut, ses blancs cheveux flottant, et se dirigea vers sa propre chambre. Reith lui fit signe.

— Viens ! Je voudrais te faire voir quelque chose.

Il conduisit le Lokhar jusqu’à sa porte qu’il entrebâilla, s’attendant presque à trouver la pièce vide. Mais Helsse était toujours à la même place.

— Est-il fou ? fit Zarfo dans un souffle. Il nous regarde en se moquant de nous sans parler !

— Que faites-vous ici, Helsse, demanda le Terrien. Que vous est-il arrivé ?

Helsse se leva. Machinalement, Reith et Zarfo s’effacèrent. Il les regardait avec, sur ses lèvres, l’ébauche d’un pâle sourire. Il gagna le balcon, descendit l’escalier à pas lents. À un moment donné, il se retourna, révélant aux deux autres l’ovale blafard de son visage. Puis il disparut comme un spectre.

— Qu’est-ce que cela signifie ? demanda Reith d’une voix rauque.

Zarfo qui, pour une fois, avait perdu sa faconde, secoua la tête.

— C’est encore une des plaisanteries dont les Pnume sont friands.

— Peut-être aurions-nous dû le retenir ?

— Il serait resté s’il l’avait voulu.

— Mais je doute qu’il ait toute sa raison.

En guise de réponse, Zarfo se contenta d’un haussement d’épaules.

Reith s’approcha de la balustrade et contempla la ville.

— Eh bien ! Les Pnume connaissent les chambres qui nous ont été attribuées !

— Le voyageur qui descend le Jinga aboutit forcément à Kabasas, répliqua Zarfo d’une voix acide. S’il n’a pas les deux pieds dans le même sabot, il s’installe à l’auberge du Dragon de Mer. C’est une déduction qu’il est facile de faire. À cela s’arrête l’omniscience des Pnume.

 

Le lendemain, Zarfo quitta l’auberge. Il ne tarda pas à revenir, accompagné d’un individu courtaud au teint d’acajou, l’air avantageux, qui boitillait comme si ses chaussures étaient trop étroites. Il avait un visage couturé et torve, des petits yeux inquiets au regard oblique.

— Eh bien, commença Zarfo avec grandiloquence, je mets à votre disposition le commodore Dobagq Hrostilfe, homme de bon conseil qui arrangera tout.

Reith se dit qu’il n’avait jamais vu une aussi belle tête de truand.

— Hrostilfe commande le Pibar, poursuivit Zarfo. Il nous conduira à destination, même si nous devons nous rendre à l’autre bout de Vord, pour une somme dérisoire.

— Combien demande-t-il pour traverser le détroit de Parapan ?

— Pas plus de cinq mille sequins… Le croiriez-vous ? s’exclama le Lokhar.

Reith eut un rire dédaigneux.

— Je n’ai plus besoin de ton concours, Zarfo. Vous n’aurez qu’à essayer de trouver une autre dupe, ton ami Hrostilfe et toi.

— Quoi ? Me dire cela après avoir risqué ma vie en traversant cette infernale cataracte, après les épreuves de toutes sortes que j’ai endurées !

Mais Reith, déjà, s’éloignait. Zarfo, l’oreille basse, courut derrière lui.

— Adam Reith, vous avez commis une grosse erreur.

— Oui ! acquiesça le Terrien, la mine sévère. En faisant appel à tes services au lieu d’engager quelqu’un d’honnête.

— Qui ose mettre mon honnêteté en doute ? s’écria Zarfo, ivre d’indignation.

— Moi. Hrostilfe m’aurait loué son bateau pour cent sequins. Il t’en a demandé cinq cents et tu lui as dit : « Pourquoi n’en tirerions-nous pas un bénéfice tous les deux ? Adam Reith est crédule. Je dirai un prix. Il y aura mille sequins pour toi et le surplus m’appartiendra. » Tu peux t’en aller. Je n’ai plus besoin de toi.

Le Lokhar se tordit tristement le nez.

— Vous me causez un préjudice considérable. Je venais justement de tancer Hrostilfe, qui m’a avoué son escroquerie. À présent, il demande… (Zarfo s’éclaircit la gorge)… douze cents sequins.

— Trois cents, et c’est mon dernier mot.

Zarfo leva les bras au ciel et s’éloigna à grands pas. Quelques instants plus tard, Hrostilfe vint prier Reith de jeter un coup d’œil sur son bateau et le Terrien le suivit.

Le Pibar était un sémillant navire de douze mètres, mû par un réacteur électrostatique. La faisant à l’esbroufe, Hrostilfe accompagnait la visite d’un commentaire sur le mode plaintif :

— C’est un bâtiment de haute mer, et rapide avec ça ! Le prix que vous proposez est ridicule ! Que faites-vous de ma technicité, de mon expérience navale ? Vous rendez-vous compte de ce que coûte l’énergie ? La traversée mettra à plat une cellule énergétique… cent sequins que je ne peux pas me permettre de perdre. Il faudra que vous payiez les frais d’énergie et les vivres en supplément. J’ai beau être généreux, je ne suis pas en mesure de vous financer.

Reith convint de prendre à sa charge la dépense en énergie et de verser une somme raisonnable pour l’approvisionnement mais il refusa de payer l’installation de nouvelles citernes, d’un dispositif supplémentaire d’évacuation des eaux usées et de fétiches de proue destinés à attirer la chance. En outre, il exigea d’appareiller le lendemain. Hrostilfe gloussa :

— Et pan dans l’œil du vieux Lokhar ! Il comptait bien tirer sa flemme une semaine ou davantage au Dragon de Mer.

— Il peut y rester aussi longtemps qu’il voudra, du moment qu’il paye la note.

Hrostilfe pouffa à nouveau.

— Il y a peu de chances ! Et que faisons-nous pour les provisions de bouche ?

— Tu les achèteras et tu me présenteras un compte que je vérifierai en détail.

— J’ai besoin d’une avance… cent sequins.

— Est-ce que tu me prends pour un imbécile ? Et n’oublie pas que nous levons l’ancre demain !

— Le Pibar sera prêt, grommela l’autre d’une voix morose.

Reith retourna à l’auberge. Anacho était sur la terrasse. Du doigt, l’Homme-Dirdir désigna un personnage aux cheveux noirs, debout, adossé à la digue.

— C’est Helsse. Je l’ai appelé. Il a fait comme s’il ne m’entendait pas !

À ce moment, Helsse se retourna ; son visage était d’une lividité cadavérique. Il regarda les deux hommes pendant quelques secondes, puis leur tourna le dos et s’éloigna lentement.

Reith et ses compagnons embarquèrent à midi. Hrostilfe les accueillit d’un air flambeur et le Terrien, sceptique, regarda autour de lui en se demandant ce qui pouvait bien donner au capitaine l’impression de tenir le bon bout.

— Où sont les provisions ?

— Dans le salon.

Reith examina les colis et les caisses, pointa la facture, mais force lui fut de reconnaître que Hrostilfe ne l’avait pas volé sur la qualité de la marchandise et que le prix était raisonnable. Mais pourquoi les vivres n’étaient-ils pas entreposés dans la cambuse ? Il essaya d’ouvrir la porte de celle-ci, mais elle était fermée à clé.

« Intéressant, » songea-t-il. Et il appela Hrostilfe.

— Il vaudrait mieux ranger tout cela dans la cambuse avant que ça ne commence à tanguer.

— Chaque chose en son temps ! répliqua le capitaine. Pour le moment, il y a une priorité : tirer le meilleur parti des courants du matin !

— Mais cela ne prendra qu’un instant ! Tiens ! Ouvre la porte et je m’en occuperai moi-même.

Hrostilfe eut un geste badin.

— Il n’y a pas de navigateur plus méticuleux que moi ! La procédure est la procédure.

Zarfo, qui était entré dans le salon, regarda la porte d’un air songeur.

— Parfait, fit Reith. Agis à ta guise.

Le Lokhar fit mine de dire quelque chose mais, captant le regard de Reith, il referma la bouche en haussant les épaules.

Hrostilfe se mit à s’activer. Il allait et venait lentement ; il largua les amarres, mit le propulseur en marche ; finalement, il s’installa aux commandes et le Pibar prit la direction du large.

Reith dit quelques mots à Traz. Celui-ci alla se poster derrière Hrostilfe, vérifia sa catapulte, engagea une flèche, arma l’instrument et accrocha nonchalamment ce dernier à sa ceinture.

— Attention, mon gars, fit Hrostilfe avec une grimace. Ce n’est pas prudent de tenir une catapulte comme cela !

Mais Traz parut ne pas avoir entendu.

Reith tint un bref conciliabule avec Zarfo et Anacho, puis se rendit sur la plage avant. Là, il trouva de vieux chiffons qu’il enflamma et introduisit dans le conduit de ventilation de façon à enfumer la cambuse.

— Mais qu’est-ce que vous fabriquez ! protesta Hrostilfe d’une voix furieuse. Vous voulez mettre le feu au bateau ?

Reith se contenta de fourrer encore des chiffons embrasés dans le ventilateur. Des profondeurs montèrent une toux enrouée, un murmure de voix puis un bruit de piétinement. Hrostilfe porta la main à sa sacoche mais, remarquant le regard acéré de Traz dont la catapulte était prête à tirer, il s’immobilisa.

Reith les rejoignit d’un pas nonchalant.

— Son arme se trouve dans sa sacoche, le prévint Traz.

Hrostilfe, atterré, était comme pétrifié. Il fit un mouvement brusque mais se figea de nouveau quand Traz pointa prestement sa catapulte sur lui. Reith le soulagea de sa sacoche qu’il tendit au jeune homme et fouilla le capitaine, récupérant ainsi deux dagues et un poignard dissimulés en divers endroits de là personne de ce dernier.

— Maintenant, descends et ouvre la cambuse. Tu diras à tes amis de sortir un par un.

Pâle de rage, Hrostilfe s’éloigna en claudiquant, échangea quelques menaces avec Reith, et finit par s’exécuter. Six ruffians sortirent de la cambuse ; Anacho et Zarfo les désarmèrent et les envoyèrent sur le pont où le Terrien les balança par-dessus bord.

À présent, la cambuse était vide, abstraction faite de la fumée qui la remplissait. On poussa sans ménagements Hrostilfe sur le pont. Subitement, il était tout miel.

— Tout cela peut s’expliquer ! fit-il. Il s’agit d’un stupide malentendu.

Mais Reith refusa de l’écouter et le capitaine eut le même sort que ses compagnons : il passa par dessus bord. Alors, agitant le poing et beuglant des obscénités à l’adresse de Reith et de ses amis hilares, il repartit à la nage en direction du port.

— Maintenant, il semble qu’il nous manque un navigant, dit Reith. Dans quelle direction se trouve Zara ?

Zarfo, qui ne crânait plus, désigna un point d’un doigt noir et noueux.

— Ce devrait être par là. (Il se tourna vers l’arrière et contempla les sept têtes qui flottaient à la surface de l’eau.) La cupidité des hommes, leur âpreté au gain me dépassent ! Voilà à quoi mène l’avarice ! (Il fit claquer sa langue d’un air papelard.) Enfin ! Ce fut un regrettable incident mais, heureusement, il appartient maintenant au passé. Et, désormais, nous sommes les maîtres du Pibar ! En avant vers Zara ! Et à nous le fleuve Ish et Smargash !

Le Wankh
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